Définition de JOYEUX, EUSE

DÉFINITIONS - REMARQUE - HISTORIQUE - ÉTYMOLOGIE -

Prononciation : jo-ieû, ieû-z' ; plusieurs disent joi-ieû ; au XVIe siècle, d'après Bèze, il fallait prononcer joi-i

DÉFINITIONS

1
Qui a de la joie.
...Le petit enfant qui va, saute et revient, Et joyeux à sa mère offre un caillou qu'il tient
de Nicolas BOILEAU-DESPRÉAUX dans Art p. III
Combien vivent joyeux, qui devaient, soeurs ou frères, Faire un pleur éternel de quelques ombres chères !
de Victor HUGO dans F. d'automme, VI
Mener une vie joyeuse, mener joyeuse vie, vivre dans les plaisirs, se livrer au plaisir.
Sémantique : Familièrement. Bande joyeuse, compagnie de gens qui se réjouissent, s'amusent.
2
Qui exprime la joie. Des cris, des chants joyeux.
À leurs regards joyeux dérobant mes douleurs
de ANCELOT dans Fiesque, I, 2
3
Qui donne la joie. Une nouvelle joyeuse. Une chanson joyeuse.
Comment accordé-je ici le souvenir de ces joyeuses solennités [fêtes de mariage] à cet appareil de cérémonies funèbres ?
de Esprit FLÉCHIER dans Dauphine.
4
Fertile, abondant (au sens latin de laetae segetes).
Puis aussi les moissons Joyeuses, les troupeaux bêlants et mugissants
de André CHÉNIER dans Idyl. l'Aveugle.
5
Le droit de joyeux avénement, se disait d'un impôt qu'on payait autrefois au roi de France lors de son avénement au trône.
6
S f. Joyeuse, nom de l'épée de Charlemagne ou de quelques autres héros des chansons de geste.

REMARQUE

1
Ce mot a couru des risques dans le courant du XVIIe siècle ; il a été menacé par les puristes.
Cet homme est joyeux, cette personne est joyeuse, ces anciens termes ne sont plus en usage dans le beau style, il faut dire gai ou de belle humeur
de Marguerite de Navarre, dite aussi de Valois, ou d'Angoulême, reine de Navarre dans BUFFET, Observ. p. 58, 1668
Je suis tout joyeux de vous voir, commence à n'être plus du bel usage ; il faut dire je suis ravi ou je suis réjoui ou j'ai une joie sensible quand je vous vois
de DE CAILLIÈRES dans 1690

HISTORIQUE

1
XIe s.
En son corage [il] en est joüs et liet
dans Ch. de Rol. CXCVI
2
XIIe s.
Dont doi-je bien par droit estre joious
dans Couci, VII
Tuit sont parti de moi joious talent [désirs joyeux].
de ID. dans XX
Irai joios et liez
dans Roncis. p. 12
3
XIVe s.
Et quant il li viendra bonne fortune, il n'en sera pas moult joieus ne pour male fortune moult triste
de Nicolas ORESME dans Eth. 121
4
XVe s.
Et s'agenouillerent devant le roy, en disant ainsi : très cher sire et noble roy, voz bourgeois de la ville de Paris vous presentent au joyeux advenement de vostre regne tous les joyaux qui sont sur ceste littiere
de Jean FROISSART dans liv. IV, p. 6, dans LACURNE
5
XVIe s.
Vien, Attropos, et me couppe la teste De Durandal, de Joyeuse ou Clarence
dans Départie d'amours, p. 242, dans LACURNE
Plus joyeux que rats en paille ou fourmis en grain
de Randle COTGRAVE dans
Joyeuse et riche vie pere et mere oublie
de Randle COTGRAVE dans

ÉTYMOLOGIE

1
Voy. JOIE ; provenç. joyos ; ital. gioioso. Remarquez que la Joyeuse se dit en latin jocosa ; il est de fait que joyeux pourrait aussi bien venir de jocosus, que de joie par un latin fictif gaudiosus. L'étymologie de joie par gaudia est certaine ; mais il serait possible que, dans joyeux, jocosus et gaudiosus se fussent confondus.

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